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PENA SUSCITE LA DIVISION

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Pena suscite la division
La majorité municipale s’est fissurée sur la question de l’avis à donner à l’enquête publique relative au site de recyclage de Pena Métaux.
Au final, il appartiendra à la préfecture d’accorder ou non l’autorisation de restructuration de la plate-forme de tri et de valorisation. ©
Photo O. D.
Olivier delhoumeau
Vendredi dernier, les élus devaient se prononcer sur une enquête publique visant Pena Métaux.
Sise au 26, chemin de la Poudrière, cette société souhaite restructurer une plate-forme de tri et de valorisation des déchets. Et comme il s'agit d'une installation classée, elle a besoin d'une autorisation préfectorale. L'enquête publique s'est déroulée du 20 avril au 27 mai, sur un rayon de 3 kilomètres empiétant sur Pessac et Saint-Jean-d'Illac. Les élus pessacais se sont déjà exprimés. Avis négatif.
De nouvelles filières
Critiqué par une bonne partie du voisinage incommodé par les nuisances générées, l'industriel Marc Pena prévoit d'étendre la superficie de son exploitation, de réorganiser ses modes de fonctionnement et de développer de nouvelles filières : collecte et traitement de panneaux photovoltaïques, de transformateurs, de bateaux de plaisance hors d'usage…
Rapporteur de la délibération, René Saba, adjoint délégué à l'administration générale, a indiqué que l'étude des rejets dans l'environnement n'avait mis en évidence aucun risque sanitaire. Néanmoins, l'Agence régionale de santé (ARS) a dressé plusieurs préconisations. Celles-ci touchent à la réalisation de mesures dans l'environnement avant la mise en service des nouvelles installations. Ou encore à l'identification des substances susceptibles d'être émises au niveau des points de rejet. L'organisme réclame par ailleurs une meilleure surveillance de la qualité de l'air et une évaluation quantitative des risques sanitaires éventuels. Ces recommandations ont-elles rassuré l'ensemble des élus ? Pas vraiment.
Pour l'opposition (Ensemble, changeons Mérignac), Marie-Noëlle Vaillant est montée au créneau. « Pena Métaux demande un agrandissement de son site. Sa mise en conformité par rapport à la loi eut été, dans un premier temps, préférable. On connaît tous ici les problèmes auxquels sont confrontés les riverains : pollution, prolifération des rats, poussière, nuisances olfactives, etc. Le préfet et les services de l'État ont été saisis mais rien n'a bougé. »
Pour elle, le chef d'entreprise met la pression sur les autorités en conditionnant la régularisation de son outil à son extension. « Quelles garanties offre-t-il ? Quel recours aura-t-on en cas de non-respect ? Il ne faut pas le lâcher. »
Tonalité identique chez Gérard Chausset, leader du groupe écologiste. « Trop de manquements, de comportements borderline dans divers domaines », déplore-t-il, pointant le défrichement de parcelles, les rejets, les dégagements de poussière et de bruit. « En donnant un avis favorable, on perdrait une partie du bras de fer. »
Deux avis de l'ARS
Et l'élu de faire remarquer que l'ARS avait d'abord délivré un avis défavorable, avant de se raviser au terme de discussions avec Pena. Ces tergiversations prouvent à ses yeux que « tous les risques ne sont pas levés. » Il doute aussi que la Dreal, au regard de ses moyens limités, puisse vérifier sur la durée que Pena Métaux se maintienne « dans les clous ».
Des riverains inquiets
D'autres incertitudes planent. Comme le reclassement éventuel de ce secteur géographique en zone industrielle dans le cadre du futur PLU. Sans attendre la décision, des riverains aspirent déjà à quitter le chemin de la Poudrière. Reste que les discussions avec Pena Métaux achoppent sur l'évaluation financière des acquisitions.
« On aurait dû retarder l'enquête publique pour favoriser une discussion saine entre l'entreprise et ces habitants », pense Gérard Chausset, soucieux de régler par ailleurs le différend initial sur la mise aux normes du site. Son intervention a été applaudie par des voisins de l'industriel, présents dans la salle du Conseil.
Outre les Verts, le groupe communiste s'est à son tour opposé à donner un avis favorable, doutant des moyens de contrôler le groupe.
« Je partage beaucoup de vos propos mais ils sont assez faciles à tenir. Et ce pour une raison simple, ils ne répondent pas à la question posée », a rétorqué le maire. Tout en assurant comprendre la situation « intenable » des riverains, Alain Anziani a tenté de recadrer la portée de l'enquête publique, portant uniquement sur la restructuration d'une plate-forme de tri et de valorisation des déchets. « Sur le principe, cela devrait faire l'unanimité. » Et d'ajouter : « Ensuite, nous vous proposons de reprendre au mot près la position de l'ARS, c'est-à-dire un avis favorable, en tenant compte des préconisations exprimées. » Sa démonstration n'a pas convaincu.
Toutefois, malgré le rejet de l'ensemble des sensibilités de l'opposition, des communistes et des écologistes, le camp défendant l'avis favorable l'a quand même emporté. Mécontents de cette issue, les riverains du chemin de la Poudrière ont quitté prestement la salle, en invitant le maire à venir passer une journée chez eux.
Unanimité recueillie pour Dassault
Outre Pena Métaux, le Conseil municipal devait se positionner par rapport à une autre enquête publique visant l’exploitation d’un bâtiment de maintenance d’avions d’affaires par Dassault Falcon Service.
La société prévoit de réaliser en deux phases les bâtiments et équipements nécessaires à cette maintenance : 11 950 mètres carrés de SHON (surface hors d’œuvre nette) en septembre 2016 et 23 200 mètres carrés de SHON à l’horizon 2020-2025. Le dossier présenté décrivait les conséquences sur l’environnement et les risques attendus à l’issue des deux phases. « L’étude d’impact relève que le niveau de pollution sur l’environnement immédiat sera maîtrisé », a déclaré René Saba, évoquant notamment le rejet des eaux usées et des eaux pluviales. La zone défrichée et les zones humides détruites seront compensées (2,5 hectares de reboisement au Pian-Médoc, 2,7 hectares à Mérignac et restauration d’une zone humide). Dassault Falcon Service s’engage enfin à rechercher un terrain abritant l’orchidée Epipactis helleborine en Gironde pour développer sa gestion pendant 20 ans.
Gérard Chausset (EELV) a précisé que le groupe aéronautique n’engageait pas ces actions par sympathie mais « parce qu’il y était obligé ».
La transition énergétique
Compte tenu des affaires florissantes de l’avionneur français, l’élu écologiste a également invité le maire à aller taper à la porte de son PDG, Éric Trappier, pour qu’il s’investisse dans la transition énergétique, particulièrement au niveau de la conception des bâtiments qui abriteront les aéronefs.
De son côté, Marie Récalde, députée et adjointe à l’innovation, a insisté sur le fait que ce dossier, tout comme celui de l’implantation de Thales, avait permis de tester « avec succès » une nouvelle méthode de travail (dite de certificat de projet), basée sur la simplification des normes. Alain Anziani s’est surtout félicité que les contrats de vente du Rafale à l’export et l’arrivée de Dassault Falcon Service favorisent l’emploi et l’innovation à Mérignac et dans l’agglomération. Contrairement au dossier Pena Métaux (ci-dessus), le Conseil municipal a délivré ici un avis favorable unanime.
 

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