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L’agglomération millionnaire est- elle soutenable ? Point de vue et revue de presse

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Au sujet de l’agglomération millionnaire, comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises en Conseil municipal ou en Conseil de CUB en interpellant Vincent FELTESSE : Le « Million » est-il soutenable et raisonnable ?

Les élus Europe Ecologie les Verts - ont participé avec beaucoup d’intérêt à la démarche "Bordeaux Métropole 3.0" et ce d’autant plus qu’elle correspond à notre vision transversale et de long terme. Ainsi à travers ce projet le premier enjeu est de consolider le rôle stratégique. De fait, la CUB est de moins en moins un EPCI et de plus en plus une métropole, c’est le sens de l’histoire. C’est donc une démarche qu’entreprend assez logiquement finalement la Communauté Urbaine au regard de son rôle affirmé de stratège de l’agglomération. En effet, la CUB n’accompagne plus seulement le développement des villes, elle participe à le dessiner et en est le principal moteur. Ainsi, avec l’opération 50 000 logements elle accompagne la stratégie de développement urbain. Avec le SDODM elle projette et définit les axes de développement du réseau de transports collectifs à l’horizon 2025-2030. Avec le Plan Climat elle met l’agglomération en ordre de marche pour lutter contre le changement climatique. Il en va de même avec le schéma de développement économique. S’interroger sur la ville de demain est une démarche nécessaire à l’heure où notre société est en constante mutation où les projets urbains se multiplient et où les conséquences de la crise économique, sociale et écologique sont de plus en plus dures pour les habitants. Un million pour faire quoi ? Le terme emblématique de ce projet est assurément celui de l’agglomération "millionnaire". Si évoquer l’agglomération millionnaire a certes le mérite de poser le débat sur la ville à laquelle on aspire, nous devons cependant être particulièrement vigilants dans le maniement de ce concept car il peut s’avérer anxiogène si l’on n’y associe aucune pédagogie. L’agglomération millionnaire, pourrait faire appel dans l’imaginaire collectif aux images mentales de mégalopole avec tout ce que cela implique : voies de communication saturées, horizon gris et bétonné à perte de vue, perte de lien social… Or, c’est précisément ce que voudrait éviter ce projet métropolitain. Ce dernier porte en effet comme ambition d’imaginer un modèle qui puisse lutter contre l’étalement urbain et la crise du logement en ramenant les jeunes familles dans l’agglomération et en accueillant de nouveaux habitants tout en préservant la qualité de vie. Sur 3 habitants nouveaux en Gironde aujourd’hui 2 vont s’installer hors CUB et cela sans compter l’exode urbain des jeunes ménages. A terme, la CUB pourrait être une ville vouée à la « gentryfication » réservée aux étudiants, aux cadres, aux retraités avec les personnes les plus précarisées. Ce phénomène d’exclusion des familles actives modestes contribue fortement à l’étalement urbain car si elles n’habitent pas la CUB elles y travaillent le plus souvent. Il convient donc de trouver un remède et d’inverser la tendance : faire en sorte que 2 nouveaux habitants sur 3 qui s’installent dans notre département viennent sur la CUB. C’est souhaitable et c’est possible : il y a de l’espace constructible. Nous n’avons pas le même projet qu’Alain JUPPE. Mais au mieux, en 2030/2035 nous ne serons pas 1 million comme il est réaffirmé régulièrement mais plutôt 900 mille, soit déjà cent mille de plus que la projection tendancielle de l’INSEE, 800 mille habitants, qui ne prend pas en compte bien sûr le volontarisme récent du projet métropolitain. Si l’espace est là et qu’il est nécessaire d’accueillir plus d’habitants qu’on ne le fait aujourd’hui, il faut rappeler à mon sens les préalables et les divergences politiques notamment sur la stratégie foncière. En effet Alain JUPPE et son groupe s’opposent à la création d’un EPFL (établissement public foncier) et n’ont donné aucun gage quant à une éventuelle alternative pour une maitrise publique du foncier. Rappelons que ce sont actuellement surtout les promoteurs qui encaissent les plus values immobilières générées par les infrastructures comme le Tramway, à ce titre l’EFPL pourrait changer en partie les choses. Réaffirmer sans cesse que nous voulons être un million d’habitant en 2030, c’est-à-dire près de 300 mille de plus en moins de 20 ans, c’est prendre le risque de faire d’abord rêver les promoteurs avant de faire rêver la population si la maitrise du foncier n’est pas publique. Pour accueillir ces nouveaux habitants, un certain nombre de préalables sont nécessaires pour être en capacité de produire quantitativement le nombre de logements projetés, notamment de logements sociaux. Nous devrons également porter une attention particulière à la définition de réponses qualitatives adéquates au besoin d’accueil en termes de coût, de typologie, des logements sociaux, de cadre de vie et de qualité environnementale. Le SCOT (schéma de cohérence territorial) et le PLU (plan local d’urbanisme) devront être incitatifs. Nous marquons notre différence avec la volonté affichée par Alain JUPPE d’entrer dans une compétition entre métropoles au nom d’une ambition et d’une taille critique. N’oublions pas l’équilibre plus large de notre territoire. Il est absolument nécessaire de travailler en coopération avec les communautés voisines afin que le volontarisme de la CUB ne vienne pas le déséquilibrer et couper court à la volonté légitime de développement de ces communes. L’objectif n’est pas de désertifier l’arrière-pays (hinterland) de la CUB. Nous souhaitons une métropole équilibrée, économe de ses ressources, qui pense, consomme et produit autrement, c’est une ambition forte qui vaut celle de l’atteinte absolue du million d’habitants. Contraintes écologiques et environnementales Grossir de 300 mille habitants en 20 ans pose la question de la soutenabilité de cette croissance. En effet, avant d’atteindre un million d’habitants, l’accueil de 200 000 nouveaux habitants sur la CUB suppose déjà un changement radical de paradigme en termes de mobilité car nos voiries ne sauraient absorber 100 000 nouvelles voitures sans risquer l’asphyxie complète. Est-ce à dire qu’il faut ne rien faire ? Non justement, car aujourd’hui l’exode urbain des familles actives contribue largement à l’étalement urbain et à la thrombose que l’on connait sur certains axes. Il convient donc d’accueillir en priorité des habitants auprès des axes forts de TCSP (transport collectifs en site propre) et de réduire progressivement l’usage de la voiture. L’agglomération bordelaise est la plus étalée des agglomérations française. Une densification mesurée, sélective et organisée permettra la marche, le vélo et les transports en commun plus attractifs.

Par exemple pour Mérignac, je situe l’horizon non pas à 90 mille habitants ou 100 mille, mais autour de 80 mille habitants, ce qui constitue un horizon durable et acceptable d’ici 20 ans. Nous avons l’espace, il ne s’agit pas de bétonner mais de composer une ville durable. Il nous faut donc un peu accélérer le rythme de façon mesurée, pour gagner 13 mille habitants en 20 ans.

Il faut également se poser la question de l’adéquation des ressources naturelles, notamment l’approvisionnement en eau potable, l’accès aux espaces naturels, la bio diversité et le risque inondation qui est loin d’être complètement maîtrisé sur la rive droite. Le bon sens Pour conclure, notre « million » est plus mesuré, plus sobre mais il n’est pas moins ambitieux, car il privilégie le qualitatif au quantitatif absolu. Il faut donc apporter un peu de mesure à ce concept d’agglomération millionnaire et le revisiter au regard de la réalité des projections, de nos capacités à faire et du degré d’acceptation de la population. Stimulante, solidaire, sobre, sensible et singulière sont les 5 sens du projet métropolitain mais il me semble qu’il faut en ajouter un 6 ème, celui du bon sens.

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