Back to top

Construire collectivement un contrat social et écologique

Accueil » Construire collectivement un contrat social et écologique

La France est en situation de crise, un moment délétère où tout est possible. Les gilets jaunes sont l'expression d'un pays fracturé.
Inutile de refaire le film de la dernière présidentielle, mais il est clair que l’implosion du paysage politique a mis sur le devant de la scène Emmanuel MACRON et le fameux « en-même temps » pari pour sortir la France de son incapacité à se réformer sans crise.
Ceci après le mandat de Sarkozy où les affaires successives ont jeté le discrédit sur ces 5 ans et le mandat de Hollande, un mandat pour rien où rien n’a été réglé notamment la fameuse réforme fiscale qui nous éclate à la figure aujourd’hui.
Emmanuel MACRON a été soutenu par de nombreux électeurs de gauche, déçus par le surplace du mandat de François HOLLANDE et hostiles au positionnement de LFI mais aussi soucieux de faire barrage au Front National.
Pour certains écologistes dont je fais partie, les positions et le soutien pro européen de Daniel Cohn-Bendit et l’entrée au gouvernement de Nicolas HULOT étaient une solution politique qui valait la peine d’être essayée.
Cette alliance entre une vision libérale ouverte de la société et de l’économie et l’urgence écologique avait du sens car elle replaçait l’écologie au centre du jeu après l’accord de la COP 21.
Certes, nous savions bien qu’Emmanuel MACRON n’était pas écologiste dans sa nature, mais l’idée qu’il y ait une convergence, une prise de conscience entre ces deux aspirations était une chance unique après les échecs successifs des écologistes avec les partis traditionnels.
Mais depuis 6 mois, le mandat d’Emmanuel MACRON donne une impression de gâchis.
En effet, et je ne suis pas le seul à le dire, l’impossibilité à réformer la fiscalité en France pour mieux partager les richesses met en lumière l’injustice et les inégalités qui sont criantes.
Si la fiscalité écologique à travers la taxe carbone en a été le détonateur, c’est qu’elle porte le cœur même de la transition écologique mais aussi des maux de notre société.
La taxe carbone (ou le principe de pollueur payeur) est une fiscalité dont l'assiette est le comportement des contribuables, ce qui est en soi une révolution. Ainsi, plus j’utilise ma voiture, plus je pollue, plus je suis taxé pour compenser la pollution et changer mes habitudes.
Il en ira de même pour les déchets un jour par exemple, plus je remplis ma poubelle, plus je paie. La fiscalité écologique, ne taxe pas un service mais un comportement. Mais pour qu’elle soit acceptée, il est nécessaire de l’accompagner afin qu’elle n’aggrave pas les inégalités ou les renforce mais participe à un nouveau deal. La problématique écologique et la question sociale sont liées. On ne peut pas penser l'une sans considérer l'autre.
C’est bien là une partie de l’échec d’Emmanuel MACRON (mais également de ses prédécesseurs), ne pas avoir pris en compte cette évolution sociétale profonde et d’en profiter pour mettre en œuvre un cap, pas seulement libéral mais de répondre aux aspirations de la société sur l’urgence écologique et sociale. Le fondement de la transition énergétique est d’agir sur les comportements des citoyens mais aussi sur ceux des entreprises et des politiques gouvernementales.
A partir de là une série de questions se posent, pourquoi le kérosène n’est pas taxé ? Où va l’argent des taxes du carburant ? Quelles facilités ont les plus démunis pour accéder à un monde dé carboné ? La suppression de l’ISF mais aussi les baissent de charge liées au CICE pour des multi nationales ou à la grande distribution renforcent le sentiment d’injustice car le plus souvent ces entreprises ne participent pas à l’effort écologique.
L’écologie ne peut pas être un facteur supplémentaire d’injustice sociale pour ceux qui ont déjà des difficultés et un supplément d’âme pour ceux qui vont bien.
Pourquoi certains devraient payer plus pour aller au travail ou avoir accès aux services publics quand les plus aisés paient moins ou sont favorisés dans leur mode vie car ils ont accès à des services dé carbonés, transport collectif, vélo, service public de proximité.
Certes, certains ont fait le choix à un moment de leur vie de vivre à tel endroit avec des avantages et des inconvénients, mais pas tous.
La crise des gilets jaunes tire en partie son ressort de ce constat. Taxer les voitures polluantes, c’est nécessaire, mais quelles sont les alternatives à la voiture mise en place pour ceux qui ne peuvent pas faire autrement ? Quelles modulations, quels accompagnements, quelles transitions ?
A partir de là toutes les erreurs du début de mandat surgissent comme un catalyseur. Les anicroches, les petites phrases blessantes, l’affaire BENALLA, l’ISF, ont attisé le feu qui couvait et a engendré cette violence soudaine comme un volcan qui se réveille. La gestion de la crise actuelle révèle un déficit d’empathie sociale.
Le départ de Nicolas HULOT était en creux un avertissement. La transition écologique est une impérieuse nécessité (les émissions de CO2 ont progressé de plus de 2% en 2017) mais elle doit être expliquée et aussi accompagnée. C’est pourquoi la question qui se pose aujourd’hui est: le mandat d’Emmanuel MACRON est un mandat pour qui ?
L’abandon des taxes sur le carburant est un signe d’apaisement mais aussi un mauvais signal pour la transition écologique comme la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie, PPE qui maintien l’option nucléaire.
La gestion de la crise se fait par des incompréhensions et des renoncements mais après ? Il est urgent de ressouder la société. Il est urgent de parler et de respecter tous les citoyens et de reconnaître leurs difficultés. Mais il ne faudrait pas que la politique de transition énergétique, déjà insuffisante, soit la victime du conflit des gilets jaunes.
J'espère sincèrement que cette crise puisse constituer un vrai tournant et aussi une chance pour construire collectivement un nouveau contrat social et écologique.
Gérard CHAUSSET
 

 

Partager

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
This question is for testing whether or not you are a human visitor and to prevent automated spam submissions.
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.